Reportage réalisé par les élèves de 5e A du collège de Herrlisheim, au 1er trimestre 1998-99, et selectionné parmi les 10 meilleurs du concours "Grands Reporters", organisé les Dernières Nouvelles d'Alsace (15/12/98).

La forêt d'Offendorf Une forêt pas comme les autres

Pourquoi s'intéresser à la forêt d'Offendorf ? A-t-elle une histoire particulière ? Y trouve-t-on des espèces rares ? Est-elle menacée ?

Dès qu'on y pénètre, elle surprend par sa luxuriance et sa fantaisie. Si on la qualifie de " jungle ", c'est que son foisonnement végétal évoque des paysages tropicaux : cascades de lianes et draperies de lierre, clairières envahies d'herbes folles, bras du Rhin aux noms évocateurs (le Rossmoerder rappelant la violence des crues du fleuve " tueur de chevaux ", le Kirschenrhein inondant la terre au temps des cerises).
Grâce à la présence de l’eau, la forêt d’Offendorf est une véritable jungle.

Faune et flore

La forêt rhénane date de la préhistoire et a été façonnée par le Rhin, dont les crues étaient particulièrement fertilisantes. Alors que les autres forêts alsaciennes comptent environ 25 espèces d'arbres, celle d'Offendorf est riche du double. Dans ses dépressions poussent des arbres à bois dur (chênes, frênes) et sur les levées des bois tendres (saules surtout).

En y cherchant muguet ou champignons, vous y découvrirez mille autres trésors : ainsi, la prêle à étages, véritable meccano préhistorique avec ses tiges aux tronçons télescopiques; le cornouiller sanguin dont la feuille, une fois déchirée en deux, tient magiquement un instant encore, car sa sève se solidifie à l'air; et, venue d'Asie, la balsamine de l'Himalaya aux graines enfermées dans une poche qui éclate brusquement pour les propulser au loin. Mais gare aux chutes de grosses noix d'Amérique!

Peut-être rencontrerez-vous comme nous la grenouille agile, contorsionniste qui parvient à passer sa patte arrière sur son nez, par-dessus sa tête ; ou entendrez-vous le pic découpant un rond parfait dans un tronc, tel une scie sauteuse. Et les bords de l'eau labourés par sangliers et chevreuils ne manqueront pas de vous frapper.

Quel avenir ?

Occupant encore plus de 22 000 ha au 19e siècle, la forêt rhénane n'offre plus aujourd'hui que 7000 ha authentiques. A Offendorf, elle a été menacée par un projet de TGV, industries et habitations la cernent. Mais, heureusement, le Conservatoire des Sites Alsaciens et les collectivités locales l'ont prise sous leur aile et ses 450 ha sont entièrement classés forêt de protection : parmi eux, 60 ha forment une réserve naturelle gérée par le CSA, 150 ha une réserve biologique gérée par l'ONF.
Sachons la respecter et ne boudons pas notre plaisir de la redécouvrir en toutes saisons !

De nouveaux locataires

Le castor habite à nouveau notre forêt, mais ne se laisse pas approcher.
En forêt d'Offendorf, on trouve au bord de l'eau des troncs couchés, à l'extrémité étrangement taillée comme un crayon. Parfois, on a la chance d'apercevoir un tas de copeaux frais et, sur la pointe des " crayons ", on voit nettement des traces de dents, dont la largeur peut nous renseigner sur l'âge de leurs propriétaires. Mais qui sont ces étranges " taille-crayons " ?

Nos amis les castors, bien sûr, qui habitent à nouveau notre forêt. Le rongeur à la queue en forme d'épaisse raquette avait en effet disparu d'Alsace au 19e siècle, trop chassé pour sa fourrure et sa viande. Après plus d'un siècle d'absence, il a été réintroduit dans le sud de la région dans les années 70. Enfin, sous l'égide du Conseil Général, avec la participation de nombreux partenaires, 11 castors d'Ardèche ont été relâchés sur le site d'Offendorf, au printemps, entre 1993 et 1995 : la saison avait été choisie pour son calme (chasse et pêche y sont interdites) et parce que la nourriture y est abondante. Les témoins d'un de ces lâchers se souviennent avec émotion du petit s'accrochant au dos de sa mère, avant de partir à la nage.

Aujourd'hui, on ne connaît pas le nombre exact de castors habitant nos eaux, car ils sont très discrets, et certains ont émigré plus au sud. Mais ils sont l'emblème d'une authenticité retrouvée.

Un métier au vert

M. P. Kiennemann, forestier d'Offendorf

Quelle formation faut-il suivre pour devenir forestier ?
Pour être recruté à l'ONF, il faut passer un concours après un diplôme de l'enseignement agricole. Aujourd'hui les candidats ont souvent le niveau BTS.
En quoi consiste le métier de forestier ?
Il est le " gendarme de la forêt ", il fait appliquer les règlements. Il veille au bon accueil du public et assure la surveillance. Il gère son triage (surface dont il est responsable) en assurant la production du bois, l'organisation des travaux et la protection de la faune et de la flore.
Combien de temps passez-vous en forêt par semaine ?
Mes horaires varient en fonction des tâches à effectuer, mais j'essaie de passer 2/3 de mon temps sur le terrain et 1/3 au bureau.
Que représente la forêt à vos yeux ?
Elle me permet de me ressourcer, c'est pour moi un besoin. J'y fais chaque jour de nouvelles découvertes, car c'est un monde vivant, pas figé. Je vois la nature à l'état pur, sans artifice, sans naïveté. Elle est souvent dure et elle est plus forte que nous. Elle a un pouvoir de cicatrisation énorme : en 1990, une dizaine d'hectares avaient été anéantis par une tempête, aujourd'hui on ne voit presque plus rien.

Echos

La forêt française.

Elle couvre 25% du territoire et augmente de 30 000 ha chaque année. L'ONF gère les forêts domaniales et communales. Son but est de faire profiter tout le monde de la forêt. 13500 personnes travaillent dans les forêts publiques, qui produisent 40% des besoins en bois du pays.

Le sanglier.

Il est très heureux en forêt d'Offendorf, où certains endroits sont entièrement labourés par ses pattes. Ainsi, il contribue à la dissémination des graines. Mais il mange aussi de jeunes pousses et des racines et cause de gros dégâts dans les champs.


Classe de 5e A du collège de Herrlisheim: Fanny Anschutz, Kethleen Attoumani, Astrid Brandy, Linda De Amorim, Benjamin Denis, Emmanuelle Denner, Virginie Douteau, Julien Drulang, Mathieu Ehrhardt, Thierry Fritz, Sabine Frommweiler, Jonathan Girard, Guillaume Gonnot, Aline Grasser, Clément Hengy, Julien Kehlhoffner, Mathieu Leclerc, Olivier Ludwig, Morgane Malzard, Loïc Martin, Romy Mattern, Aude Muller, Adrien Schiffmacher, Guillaume Schmittheisler, Eugénie Schwoertzig, Natacha Weller, Jonathan Wiedemann. Leur professeur de français : Mme D. Bossert.


retour